Le comportement de votre enfant a changé : il s’isole, est déprimé, refuse d’aller à l’école… Il est peut-être victime de harcèlement scolaire. La première étape consiste à observer et comprendre le mal dont souffre votre petit pour, ensuite, engager un dialogue constructif et trouver des solutions... Objectif : l’accompagner pour sortir de cette spirale de violence.
Qu’est-ce que le harcèlement scolaire ?
Selon un rapport du Sénat publié en janvier 2023, 6 à 10 % des élèves français subiraient chaque année une forme de harcèlement lors de leur scolarité. Cela représente entre 800 000 et 1 million d’enfants. Il est donc urgent de lutter contre le harcèlement scolaire et pour y parvenir, il faut avant tout comprendre de quoi il s’agit.
Définition du harcèlement scolaire
Le harcèlement scolaire désigne une violence répétée de la part d’un ou de plusieurs élèves envers un autre élève. Cette violence peut se présenter sous différentes formes, elle peut être verbale (insultes, moqueries), physique (coups, menaces, bousculades) ou psychologique (propagation de rumeurs, racket, processus d’isolement, cyberharcèlement).
Le harcèlement est fondé sur le rejet de la différence. Il peut être sexiste, lié à l’apparence physique d’un écolier, à son handicap, à son appartenance à un groupe social ou culturel, etc. La violence peut s’instaurer au sein de n’importe quel établissement scolaire, mais elle a plus fréquemment lieu dans les collèges et les lycées durant la récréation.
Avec le temps, les agressions engendrent un rapport de force et de domination. Un enfant qui subit du harcèlement s’isole et n’ose pas demander de l’aide.
Les caractéristiques du harcèlement scolaire
Le harcèlement scolaire est à prendre au sérieux, il ne s’agit pas d’un simple conflit entre écoliers. Les principales caractéristiques du harcèlement scolaire sont :
- La violence : un rapport de force et de domination s’installe entre le harceleur et la victime qui devient un véritable souffre-douleur.
- La répétition : la violence est répétée régulièrement durant une longue période. La vie de l’enfant harcelé à l’école devient de plus en plus pénible ;
- L’isolement de la victime : face au harcèlement, l’enfant victime est isolé et se retrouve dans l’incapacité de se défendre.
Quels sont les signes révélateurs d’un harcèlement scolaire ?
En tant que parent, votre première responsabilité consiste à détecter si votre enfant est victime de harcèlement scolaire, et à mesurer la gravité du problème. Pour cela, observez attentivement ses changements d’humeur et son attitude. Les victimes de violences en milieu scolaire ont tendance à s’isoler dans leur chambre, et à rompre tout contact avec leur entourage. Bien souvent, ils n’osent pas parler, par peur des représailles. Si votre enfant refuse toute interaction avec vous pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, il ne s’agit pas d’une simple crise : vous devez vous poser les bonnes questions, et prendre la situation en main.
D’autres troubles comportementaux doivent vous alerter, car ils peuvent être une conséquence du harcèlement moral dont votre enfant est victime :
- Les troubles du sommeil : il fait des insomnies ou des cauchemars récurrents.
- Les crises de larmes ou les crises d’angoisse lorsque vous mentionnez l’école ou un camarade de classe : ces mots peuvent provoquer un flash-back, et lui rappeler les violences.
- Les difficultés à se concentrer : souvent, le manque de concentration s’accompagne d’un désintérêt pour les activités auxquelles il aime participer d’ordinaire.
- L’irritabilité : troublé psychologiquement, il pique des crises de colère, et considère toute interaction comme une attaque.
- Les troubles alimentaires, comme l’anorexie ou la boulimie, majoritairement dans les cas où les moqueries portent sur le physique.
- Dans les situations les plus graves, un enfant victime de harcèlement peut s’infliger des blessures ou formuler des envies suicidaires.
La majorité des victimes de violences scolaires perdent totalement leur confiance en eux. Si votre enfant se déprécie constamment, et répète qu’il ne s’aime pas, il se fait peut-être moquer ou harceler par ses camarades à l’école, ou en ligne (on parle alors de cyberharcèlement). De plus, durant cette période très éprouvante physiquement et émotionnellement, ses résultats scolaires peuvent chuter.
Dans les cas les plus graves, il peut même développer une phobie scolaire l’empêchant d’aller en cours et de suivre un cursus normal. En effet, le décrochage scolaire peut parfois être dû à une situation de harcèlement.
Comment instaurer un climat de confiance avec votre enfant ?
Même si votre enfant ou votre adolescent vous rejette, ne baissez pas les bras. Pour sortir de cette situation, il doit se sentir entouré et aimé. Votre foyer doit devenir un véritable cocon protecteur : favorisez les moments de calme et de tendresse, sans le forcer ni le gronder. Un environnement conflictuel risquerait de lui rappeler sa situation à l’école, et il ne vous parlera pas.
Une fois la confiance instaurée, laissez-le s’exprimer à son rythme et avec ses mots. Il ne sera peut-être pas capable de donner le nom de ses harceleurs au début : restez patient, et laissez-le vous décrire les détails au fur et à mesure.
Plus votre enfant verbalisera sa souffrance, et moins il subira les conséquences des violences scolaires. Lorsqu’il se sent prêt, encouragez-le à rencontrer un psychologue spécialisé dans les violences scolaires, pour aborder son futur de manière sereine.
Comment faire cesser les violences en cas de harcèlement scolaire ?
N’essayez jamais de contacter les harceleurs ou leur famille vous-même : vous risqueriez d’empirer la situation, en créant de nouveaux conflits ou des représailles, ou d’empêcher les personnes compétentes de prendre des mesures. Une fois que vous avez recueilli le témoignage de votre enfant, notez en détail les violences commises, et essayez de les dater. En cas de cyberharcèlement, n’hésitez pas à agir en réalisant des captures d’écrans des messages d’insultes pour pouvoir prouver le harcèlement. Bloquez aussi les profils des harceleurs.
Plusieurs options s’offrent à vous pour faire cesser le harcèlement et les violences : vous pouvez directement prendre contact avec un professionnel de l’établissement (professeur, conseiller principal d’éducation (CPE), conseillère d’orientation, infirmière scolaire…) ou appeler les deux numéros verts nationaux. Le 30 20 ou le 0 800 200 000 sont gratuits et ouverts du lundi au samedi, de 9 h à 20 h.
Si le harcèlement à l’école est avéré, les numéros verts ou les professeurs doivent signaler les violences au directeur de l’établissement. Il doit ensuite mettre en place une procédure spéciale :
- Mener des entretiens avec votre enfant, et d’éventuels témoins des violences, sans dévoiler l’identité de la victime.
- Mettre en place des mesures de protection : comme la punition des harceleurs, qui doivent, en général, donner réparation à la victime en s’excusant.
- Assurer un suivi sur plusieurs semaines, pour s’assurer que les violences ne persistent pas.
Une fois les procédures mises en place, vous devez continuer de poser régulièrement des questions à votre petit, pour éviter qu’une nouvelle spirale de harcèlement ne s’installe. Vous pouvez également échanger avec les parents délégués et l’administration, pour mettre en place une campagne et des actions de sensibilisation au sein de l’établissement, pour briser la loi du silence, libérer la parole et inciter d’autres victimes potentielles à s’exprimer.
Bon à savoir
Dans les cas les plus graves, il est possible pour votre enfant ou votre adolescent de se rendre seul au commissariat pour porter plainte pour harcèlement, s’il souhaite s’adresser à un policier de manière privée, sans ses parents. Cependant, en cas de procès, vous devez vous constituer partie civile, lorsque votre enfant est mineur.
Si la spirale de la violence ne s’arrête pas, vous devrez envisager de changer d’établissement scolaire. Expliquez bien à votre enfant que vous le changez d’école pour le protéger, et que ce chamboulement n’est en rien sa faute. Il ne doit surtout pas penser que ses harceleurs ont gagné : continuez à suivre la procédure avec l’ancien proviseur, même en cas de changement d’école, pour obtenir réparation.
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