Encore méconnu il y a quelques années, le burn-out parental mène la vie dure aux parents. Il peut toucher aussi bien les mères que les pères. Cette maladie insidieuse s’invite dans votre quotidien de jeune parent sans crier gare. Pourtant, ses effets sont catastrophiques si le mal n’est pas pris à temps. Qu’est-ce que le burn-out parental ? Quels sont les signes à déceler et surtout, comment s’en sortir ? Faisons le point.
Qu’est-ce que le burn-out parental ?
On emploie déjà ce terme dans le monde professionnel pour expliquer une phase de rupture au travail. Mais le mot « burn-out » est désormais utilisé dans la sphère familiale, pour indiquer la rupture entamée avec le rôle de parent. On parle alors de burn-out parental, burn-out maternel ou paternel. Car oui, ce mal touche aussi les hommes, même s’ils sont moins nombreux. Il se caractérise par un épuisement physique et mental.
Le rôle parental étant parfois lourd à porter, certains parents fragiles, peu préparés ou faisant face à des difficultés avec l’enfant (santé, sommeil, alimentation, etc.), peuvent rapidement se sentir dépassés. Dormir ne parvient souvent pas à apaiser la situation. Dans certains cas, l’épuisement est tel que le parent peut finir par être hospitalisé, engendrant alors une perte financière ainsi que des complications liées à l’état de santé. Pour cela, certaines assurances famille peuvent être salvatrices.
Contrairement à la dépression, le burn-out parental n’est pas reconnu comme maladie en tant que telle. De plus, c’est un état qui peut survenir à n’importe quel moment, même si bien souvent, il s’observe à l’arrivée d’un enfant ou parfois à l’adolescence.
Bon à savoir
Un parent atteint de burn-out parental peut se montrer très performant au travail. C’est la sphère familiale qui engendre ce phénomène et le lieu de travail peut représenter une échappatoire.
Quelles sont les causes du burn-out parental ?
Selon les docteurs en psychologie Moïra Mikolajczak et Isabelle Roskam, 5 % des parents souffrent de burn-out parental. Parmi eux, 8 % sont à un stade préoccupant, car à risque élevé. D’ailleurs, contrairement aux idées reçues, le burn-out parental survient plus souvent dans les foyers où les parents ont une éducation élevée. Cela pourrait potentiellement venir du fait qu’étant enfants, ces nouveaux parents étaient choyés et n’avaient que peu de soucis, contrairement aux enfants ayant vécu dans des milieux difficiles ou n’ayant pas fait de grandes études. D’autres hypothèses avancent que les charges professionnelles sont intenses et que le parent se sent dépassé par les nouvelles accumulations de charges familiales.
D’autre part, la quête de la perfection est aussi un terrain propice au burn-out parental. Les parents pointilleux et perfectionnistes voient certaines choses leur échapper, ce qui pourrait les conduire à se sentir très vite dépassés. Il n’est souvent pas possible d’être sur tous les fronts. Beaucoup se donnent des tâches supplémentaires pour être « parfaits », mais rapidement, la charge mentale devient trop importante. Ainsi, vouloir préparer des repas faits maison et sains, avoir un logement rangé comme ceux que l’on voit sur les photos de magazines, faire de grandes fêtes pour les anniversaires, organiser de nombreuses activités en familles, etc., ne laisse que peu de place au parent pour exister en tant qu’être humain à part entière. Ses besoins sont bafoués au profit de la famille.
Bon à savoir Certains éléments externes peuvent aussi conduire un parent à se sentir acculé : le climat anxiogène social, le regard des autres, les cultures, les médias, les réseaux sociaux, etc. |
Quels sont les signes d’un burn-out parental ?
Le burn-out est une phase complexe qui s’installe peu à peu. Elle touche l’aspect mental en engendrant une lassitude de tout et un réel manque d’entrain. Beaucoup de parents remettent cette attitude sur le compte de la fatigue. Cependant, lorsque celle-ci est couplée à un train de vie routinier et aux actes répétitifs, presque robotisés, sans émotion particulière, c’est qu’il s’agit bien plus que de la simple fatigue.
Un autre signe peut aussi indiquer un burn-out parental : celui de tenir avec des phrases toutes faites, comme « je dois », « il faut ». Ce sont les nerfs qui font tenir un parent en état de burn-out debout. Cette situation est bien différente de la dépression post-partum. On est dans une spirale qui aspire tant l’énergie que l’être humain. Pour imager la chose, on pourrait dire que le parent traverse un tunnel sombre, sans jamais voir la lumière au bout, mais continue de marcher pour avancer de façon automatisée, comme pourrait le faire un zombie.
Ce qui différencie le burn-out parental de la dépression, c’est aussi la distance qui intervient entre le parent et l’enfant. C’est d’ailleurs le premier signe à se manifester. Le parent atteint montre moins d’attention à son enfant, il ne s’intéresse plus à ses activités ni à ses ressentis et à ses émotions. Celui-ci se sent dépassé par la situation, parfois même jusqu’à se sentir inefficace et inutile. Il ne prend plus le temps de faire des câlins ou des sourires à son enfant : seuls les besoins essentiels sont maintenus, comme les repas, les transports, la toilette, l’éducation, etc.
Bien souvent, un parent qui souffre de burn-out parental est une personne qui se montre bien plus active qu’à la normale. Il a du mal à déléguer certaines tâches et se laisse acculer. Il n’a bien souvent pas assez d’heures dans une seule journée pour faire tout ce qu’il doit, d’où le cercle vicieux qui s’installe. Le manque de relativisme, de patience et de tolérance envers l’autre sont des critères très significatifs. Parfois, certaines paroles blessantes peuvent aussi être prononcées et dans les cas les plus profonds, des gestes violents qui peuvent amener à plus de culpabilité peuvent être générés (fessées, basculements, etc.).
S’en suit alors un manque d’épanouissement, voire même la remise en question de son statut de parent. Pour autant, cette attitude ne se trahit pas en dehors de la sphère familiale, où le parent agit comme à l’accoutumée. Cela est d’autant plus perturbant pour l’entourage qui ne soupçonne rien.
Comment savoir si je souffre de burn-out parental ?
Les spécialistes sont unanimes, si parmi les symptômes listés ci-dessous, vous vous reconnaissez dans au moins 3 cas, vous devez prendre rendez-vous avec votre spécialiste de santé.
- se réveiller sans énergie même après avoir passé une bonne nuit ;
- se rendre compte que les tâches de la journée semblent infinies ;
- ne pas être capable de déléguer ;
- préférer rester au travail plutôt que de rentrer chez soi ;
- retenir ses larmes en disant que tout va bien, alors que ce n’est pas le cas ;
- avoir envie de partir loin, car les proches et les enfants ne nous apportent pas de bonheur ;
- se sentir inutile malgré la tonne de choses faites quotidiennement ;
- ne pas se reconnaître ;
- regretter sa vie sans enfants ;
- avoir des gestes ou propos violents envers le conjoint ou les enfants et culpabiliser par la suite ;
- avoir des envies de sucre ou de nourriture que l’on consomme en cachette ;
- se mettre à fumer, à boire ou prendre des médicaments pour « échapper au quotidien ».
Comment soigner le burn-out parental ?
Soigner un burn-out parental est compliqué, puisque le mal naît dans votre cocon intime. En premier lieu, il faut que le parent arrive à mettre un nom sur le mal qui le ronge lentement. Ensuite, il ne faut pas hésiter à en parler à l’entourage proche (conjoint, parents, frères et sœurs, amis, etc.). En effet, dans les cas de burn-out parentaux légers, le simple fait de prendre conscience de la situation et de la comprendre solutionne beaucoup les choses.
Le parent concerné peut aussi commencer par prendre un peu de temps pour lui. Cela lui permet en général de faire le point sur ses émotions et de dénouer des blocages. S’asseoir et prendre 5 minutes pour savoir comment l’on va est une excellente méthode pour extérioriser ses émotions. Utiliser des mots pour décrire les maux est un excellent exercice. Beaucoup écrivent pour évacuer les douleurs invisibles et cet exercice est justement formidable. Enfin, il ne faut pas avoir peur de parler avec soi-même. Après tout, nous sommes notre meilleur ami ! Tenter aussi le yoga ou les médecines douces comme la sophrologie, l’hypnose, etc., peut aider.
Dans les cas plus avancés, l’aide d’un professionnel de santé peut aussi s’avérer utile. Celui-ci vous renverra vers un psychologue. Vous pouvez aussi vous rapprocher d’associations ou de groupes de paroles. D’une manière plus générale, il faut apprendre à lâcher prise et admettre que les choses ne sont pas toujours comme on rêverait qu’elles le soient. Les vies parfaites n’existent pas, chaque parent a son lot de difficultés. Votre maison n’est pas impeccable au quotidien ? Peu importe, tant qu’elle l’est lorsque vous recevez du monde ! Vous ne pouvez pas préparer les repas de vos enfants chaque jour ? Vous pouvez utiliser des robots ménagers pour vous aider à faire les recettes plus vite ou bien acheter des plats préparés une fois par semaine. Chaque problème a sa solution. Surtout, pensez à prendre vos enfants au moins une fois par jour dans vos bras. Ceux-ci en ont autant besoin que vous. Un simple câlin permet de produire l’hormone du bonheur : l’ocytocine. Elle est essentielle à notre bien-être. Alors, ne vous privez surtout pas !