L’addiction aux jeux vidéo ou la dépendance aux jeux vidéo est une maladie reconnue par l’OMS. Elle touche principalement les jeunes, mais aussi certains adultes, familiers de nouvelles technologies et de jeux en ligne. Si les conséquences sont dramatiques pour le sujet concerné, elles le sont aussi pour l’entourage. Heureusement, il existe des solutions pour en sortir et retrouver une vie normale. Faisons le point.
Addiction aux jeux vidéo : de quoi parle-t-on ?
La dépendance aux jeux vidéo est un trouble officialisé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Elle se caractérise par l’envie irrépressible et régulière de jouer à des jeux vidéo, qu'ils soient en ligne ou pas, et ne pas compter le temps passé derrière l’écran. L’envie est incontrôlable à tel point que le jeu prend le pas sur le quotidien en ayant des impacts dévastateurs sur :
- les études ;
- le travail ;
- la santé ;
- l’alimentation ;
- la vie sociale ;
- la famille ;
- etc.
En dépit des aspects négatifs sur le sujet atteint, celui-ci ne peut s’empêcher d’être encore et toujours attiré par son addiction. S'ensuit un fonctionnement anormal, voire un dangereux repli sur soi. La tranche d’âge la plus concernée est les 21 – 24 ans. 52 % des moins de 35 ans sont dépendants aux jeux vidéo, contre 46 % des 35-49ans.
Diagnostiquer une addiction aux jeux vidéo se fait en général sur une période de 12 mois, même si, évidemment, certains signes avant-coureurs peuvent être détectés plus tôt.
Bon à savoir
Si les adolescents sont les principaux concernés par l’addiction aux jeux vidéo, de nombreux jeunes adultes et adultes y sombrent aussi, ce qui engendre des difficultés sur le plan des études, du travail et de la vie en famille. Il n’y a pas non plus de distinction de sexe, même si les hommes semblent plus susceptibles de devenir dépendants.
Comment devient-on dépendant des jeux vidéo ?
Comment expliquer que certaines personnes sombrent dans l’addiction alors que d’autres peuvent tout à fait jouer et s’arrêter lorsque leur raison les rappelle à l’ordre ? C’est une question très intéressante qui laisse penser que c’est l’être humain qui génère lui-même cette dépendance par une certaine faiblesse. S’il existe certes une raison psychologique, elle n’est pas la seule. Les concepteurs de jeux vidéo savent comment happer le temps et l’esprit des joueurs.
L’aspect psychologique
Certaines personnes au terrain anxieux ou en étant de fragilité émotionnelle (dépression par exemple, harcèlement, rejet, etc.) peuvent être de parfaits sujets à l’addiction aux jeux vidéo. Ils y trouvent un refuge où ils peuvent s’exprimer sans être jugés et exploiter une certaine facette de leur potentiel. Ainsi, le jeu vidéo est une échappatoire au monde réel, dans lequel ils se sentent finalement plus utiles et plus « heureux ».
Certaines pathologies comme l’autisme ou encore le Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) sont également des facteurs pouvant générer l’appétence, voire l’addiction aux jeux vidéo.
La responsabilité des concepteurs des jeux
L’un des leitmotivs des créateurs de jeux vidéo est justement de faire en sorte que les joueurs passent le plus de temps possible sur leurs créations. D’ailleurs, si certains peuvent être finis, car conçus comme tels, d’autres n’ont jamais de fin ! En d’autres termes, plus le temps de jeu est important, plus le jeu gagne en popularité. C’est notamment le cas des jeux sur smartphones ou des jeux en ligne.
En plus des visuels attrayants, des récompenses engageantes et de l’appât du gain, le joueur cherche aussi un meilleur classement afin d’être reconnu par ses pairs. La cohésion du groupe est aussi un phénomène auquel les concepteurs sont attachés : les joueurs se donnent des rendez-vous pour se retrouver en ligne et ainsi pouvoir continuer leurs quêtes ensemble. Si l’un manque à l’appel, il est rapidement exclu du groupe.
Les signes de l’addiction aux jeux vidéo
6 signes permettent de poser un diagnostic évident sur l’addiction aux jeux vidéo.
Le jeu devient le centre de l’attention
Une personne en état d’addiction va considérer le jeu comme étant plus important que le reste. Son monde ne tourne qu’autour du jeu. Cela peut même aller jusqu’à compter les heures avant de pouvoir reposer les mains sur une manette ou un clavier pour les élèves scolarisés ou les actifs. Cela nuit donc à la capacité de concentration et aux rapports sociaux.
Le jeu devient la norme
Plutôt que de développer une routine quotidienne autour des tâches normales (devoirs, repas, courses, sorties avec les proches, etc.), un dépendant aux jeux vidéo va développer des automatismes autour du jeu : celui-ci deviendra le but ultime d’une journée. Il peut en venir à oublier de manger ou se nourrir exclusivement de junk food pour ne pas perdre de temps, avoir une hygiène douteuse afin de passer plus de temps sur le jeu et avoir des amis en ligne, mais plus vraiment dans la vraie vie.
Une modification du caractère et du comportement
Certains joueurs qui ne peuvent pas jouer pour une raison ou une autre sur un certain laps de temps peuvent aussi devenir irritables, anxieux, désagréables, voire dépressifs. Certains enfants, par exemple, peuvent devenir très irrespectueux, voire agressifs s’ils n’ont pas leur dose de jeux vidéo quotidienne.
L’effet de tolérance
C’est ce qui s’appelle le « toujours plus ». Le joueur a besoin de jouer encore plus pour être satisfait et satisfaire son équipe virtuelle. D’autre part, certains vont jusqu’à dépenser de l’argent sur ces jeux, dont les sommes peuvent devenir de plus en plus conséquentes, juste pour atteindre leur niveau de satisfaction.
La perte d’intérêt
Une fois derrière son écran, le joueur dépendant oublie tout le reste. Il oublie la notion du temps, oublie sa famille, oublie ses amis et n’accorde plus d’intérêt à qui ou quoi que ce soit. Cette perte d’intérêt et d’oubli peut engendrer de graves conséquences, puisqu’un joueur peut aussi « oublier » de se nourrir ou de dormir.
Le déni et le mensonge
Les personnes addicts aux jeux vidéo ont tendance à mentir sur le nombre d’heures passées derrière leur écran. Cela dans le but de minimiser l’impact, mais surtout, pour ne pas s’avouer à eux-mêmes qu’ils sont dépendants. Cela est aussi le cas pour les sommes d’argent dépensées dans les jeux. Certains iront jusqu’à subtiliser la carte de proches pour faire des achats sur les jeux (les adolescents avec la carte des parents par exemple).
Beaucoup n'admettent pas non plus jouer à des jeux pour échapper au quotidien qui ne leur convient pas. Certains joueurs en situation délicate (décrochage scolaire, déscolarisation, perte d’emploi, séparation, perte de garde d’enfant, etc.), minimisent les faits, rejettent la faute sur les tiers et s’enferment encore plus dans le cercle vicieux du jeu.
Bon à savoir
La passion pour les jeux vidéo n’est pas une forme d’addiction. Elle n’engendre pas d’effets négatifs sur le joueur ni sur l’entourage. Ce n’est pas parce qu’un joueur présente un critère responsable d’addiction aux jeux vidéo qu’il l’est. Il faut souvent en combiner plusieurs.
Les solutions pour se soigner d’une dépendance aux jeux vidéo
Pour pouvoir s’en sortir, il faut en premier lieu avoir conscience de son état d’addiction. Sans ce déclic, rien n’est possible. Même un parent ne peut pas intervenir pour faire soigner un enfant dépendant si ce dernier n’a pas conscience de son trouble.
Pour prévenir l’addiction aux jeux vidéo, les parents d’adolescents ayant une appétence particulière pour les jeux vidéo, en ligne ou pas, doivent imposer un temps de jeu et veiller à ce que le jeu qu’ils utilisent soit bien adapté à leur âge. Cela permettra ainsi à l’enfant de garder les pieds dans le monde réel. Des pauses sont aussi à envisager toutes les demi-heures. Les enfants doivent garder un lien avec leurs amis réels et sortir de temps en temps. Il est important qu’ils pratiquent une activité sportive ou des activités extérieures.
Les joueurs doivent aussi être à l’écoute de leur corps. Lorsque la sensation de faim, de soif ou de besoins naturels se fait ressentir, il faut être capable de mettre son jeu en pause pour les satisfaire. Il en va de même pour le sommeil qui est indispensable à notre santé.
En plus de ces éléments importants, vous pouvez aussi :
- fixer des objectifs avant de jouer et stopper la partie une fois qu’ils sont atteints ;
- déterminer des jours de jeux et des jours sans jeux dans la semaine ;
- mettre une alarme sur votre téléphone pour matérialiser le temps restant de jeu ;
- investir votre entourage en leur demandant de venir vous chercher dans 1 h par exemple, pour que vous fassiez autre chose ;
- changer les habitudes en installant l’écran responsable de l’addiction dans la pièce à vivre ;
- organisez d’autres activités dans la journée pour éviter de rester derrière l’écran ;
- partagez votre ressenti sur le jeu avec vos proches ;
- parler de votre problème avec un médecin qui vous aidera à trouver des solutions appropriées.
Les traitements médicaux
Pour se détacher d’une addiction, quelle qu’elle soit, une prise en charge psychologique est incontournable. On parle souvent de Thérapie Cognitivo-Comportementale (TCC). Le spécialiste de santé vous aide à contrôler et réduire le temps de jeu. Il n’est pas question de stopper le jeu, mais plutôt de réguler son utilisation de façon à la rendre moins invasive. La famille peut faire partie intégrante de la thérapie. D’ailleurs, celle-ci peut aussi être individuelle ou en groupe.